J'arrivais à la porte comme à mon habitude et sonnais. Je connaissais ce chemin par cœur depuis des années, puisque je l'avais emprunté des milliers de fois pour aller voir celle que je considérais comme ma meilleure amie. Elle s'appelait Clyde. Toute sa vie, on s'était moqué d'elle pour avoir ce nom d'homme mais j'étais le seul à l'avoir défendue dans la cour de récré. Depuis, nous étions devenus inséparables. Nous devions nous retrouver au moins une fois par jour, et si nous ne pouvions pas à cause de nos emplois du temps respectifs, il était impératif de se passer un coup de fil. J'attendis plusieurs secondes avant de la voir m'ouvrir la porte avec un grand sourire. Certaines personnes auraient pu croire que nous étions en couple mais ce n'était pas le cas. Je n'étais pas amoureux d'elle, comme elle ne l'était pas de moi. Nous n'avions même jamais essayé de nous embrasser ou quoi que ce soit, cela nous dégoûtant tous les deux. « Andyyyy mon chériiii entre ! » fit-elle en imitant une pouf de première. Je riais légèrement et entrais en retrouvant les senteurs de son foyer, celles qui me rassuraient, qui me faisaient me sentir bien. Nous montions dans sa chambre et je m'asseyais sur son lit. Mon esprit était occupé par une personne. Une seule. Comme à mon habitude. Et mon air penaud dû l'interpeller car elle trouva tout de suite ce qui se passait. « C'est encore elle ? » Je relevais le regard. Elle était vraiment forte. « J'ai l'impression qu'elle ne ressent rien, Clyde. Qu'elle a un cœur de pierre! Je n'ose pas lui dire mais cela me dérange sérieusement.. » Elle s'assit près de moi et mit sa main sur la mienne. « Elle ne te mérite pas, Andy. Tu devrais arrêter cette .. relation malsaine que tu entretiens avec elle. » Je relevais le regard, légèrement en colère. « Je ne peux pas ! Tu comprends pas ? J'ai l'impression d'être fou .. Je ne pense qu'à elle, et cet arrangement, c'est la seule manière d'être avec elle, qu'elle m'accorde un peu d'attention .. » Mes mains tremblaient, et je serrais soudainement les poings pour ne pas voir ma détresse. Je haïssais ces sentiments qui m'habitaient lorsque j'étais près ou loin d'elle. J'avais envie que cette situation change, parce que cela faisait quand même deux ans que c'était la même chose. Mais je ne le pouvais pas. J'en étais physiquement incapable. « Lance lui un ultimatum. Je crois que c'est la seule façon de régler cette affaire. » Je soupirais. J'y serais sûrement obligé, un jour ..

[...]

Un sourire passa sur mon visage. Elle était si mignonne, si gentille, si pleine de vie .. Et je me sentais mal d'être avec elle avec ce qu'il s'était passé avec Alexys. J'avais enfin trouvé un moyen d'arrêter cette relation, et je n'étais pas particulièrement heureux. « Qu'est-ce qui te préoccupe ? » Je relevais le regard vers Tally. Elle était tellement attentionnée. Tout ce que j'aurais voulu avoir dans une petite amie. Mais les sentiments n'y étaient pas. Je n'étais pas amoureux. Je ne pensais qu'à Alexys. Cela me tuait. « Rien, encore .. » « cette fille ? » Son discours me rappelait celui de Clyde. Elle avait été folle de joie quand je lui avais annoncé que ma relation avec Alex était terminée. J'arrachais un brin d'herbe. Nous étions dans le parc, assis par terre, à parler de tout et de rien comme à chacune de nos rencontres. C'était simple avec elle, mais il manquait cette passion. Celle qui dévorait l'intérieur du corps, celle dont les flammes nous embrassaient. « Je ne comprends vraiment rien à vous deux. Tu la veux, elle ne semble pas te vouloir de la même manière. Pourquoi tu ne l'oublies pas ? Ce n'est pas en la rendant jalouse que .. » Je poussais un soupir. C'était aussi incompréhensible pour moi, et pourtant. « J'ai besoin qu'elle se rende compte qu'elle tient à moi. C'est pour ça que je t'ai demandé d'être ma « petite amie » si on peut dire ça comme ça.. Je pense que c'est la seule manière pour elle de se rendre compte de ses sentiments à mon égard. » Elle m'adressa un triste sourire. Parfois, j'avais l'impression qu'elle tenait à moi plus qu'elle ne devrait. Je n'avais pas envie de la blesser avec cet arrangement, mais il semblait bien que j'étais en train de faire exactement cette chose là. J'attrapais sa main en lui souriant. « T'inquiète pas, ça sera bientôt fini, toute cette comédie. » J'avais l'impression d'être trop gentil avec elle. Je ne l'étais pas avec la plupart des gens, et surtout pas avec Alexys d'ailleurs. J'étais arrogant et égocentrique, assez chiant et tout ce qui allait avec. Seulement, cela me semblait tout naturel de me comporter avec cette fille comme si nous étions des amis de longue date et que je n'avais plus à me cacher sous cette façade de gosse de riche pourri gâté. « Amis ? » lui demandais-je. « Amis. »