(...) Mais malgré l'arrogance qu'elle pouvait peut-être afficher à des moments (pour elle, c'était le côté Williams -côté maternel- qui ressortait), elle restait une jeune femme très humble et au fond, très peu sûre d'elle. Voilà pourquoi ses mains jouaient entre elles à ce moment-là.
Les relations amoureuses n'avaient jamais été son fort. Les relations tout court non plus, d'ailleurs. Elle s'était toujours sentie à part dans tout, seule à n'importe quel moment. Elle n'était qu'une Bloxam parmi tant d'autres. Elle n'avait rien de plus que Lizzie ou qu'Edward. Elle se fondait dans la masse. On ne la repérait que lorsqu'elle ouvrait sa grande gueule, qu'elle ramenait sa science. Ses parents ne la remarquaient pas. Elle s'était toujours sentie mal à l'aise avec cela. Au niveau familial, c'était la catastrophe. On pourrait croire qu'une fille pareille, agréable, intelligente, drôle et surtout jolie pourrait être très populaire, avoir beaucoup d'amis, mais non. Juste des connaissances, des potes. Elle n'avait confiance en personne. Même pas en elle-même. Comment voulez-vous que sa vie amoureuse soit stable avec cela? Je suis désolé, Elea. Et là, elle se mit à pleurer, et Aedan la regarda, abasourdi. Elle ne pleurait jamais. Ou alors en silence, assez discrètement pour que personne ne la remarque, bien qu'elle était seule lorsqu'elle laissait ses larmes couler. Elle avait craqué. Elle ne craquait jamais. Elle avait bien trop de sang froid et de fierté pour cela. Elle bluffait tout le temps. Disait qu'elle allait bien. Mais elle n'était qu'humaine après tout. Et chaque humain fait des erreurs. Celle de tomber amoureuse en était une. Pourquoi? Hein, pourquoi Dan? Parce qu'elle était maladroite, c'était cela? Elle n'était qu'un boulet que le jeune homme devait se trimballer à la cheville. Elle avait une tonne de qualités, mais elle était maladroite, pas sportive pour un sou non plus. Ou peut-être parce qu'il ne la comprenait plus? Il fallait être fou pour la comprendre. C'était un peu une artiste solitaire et rejetée par la société qui s'exprimait par son art : la cuisine. Elle écrivait et peignait également, mais la cuisine, c'était son domaine. Elle y excellait. Peut-être était-ce parce qu'elle était trop bavarde? Elle aurait voulu lui faire une tonne de promesses. Parler moins, être plus normale, essayer de tenir sur ses deux pieds, l'aimer toute sa vie. Elle aurait réussi. Parce que Eleanor réussit tout ce qu'elle entreprend. S'il-s'il te plait. N-Ne me laisses pas. Elle l'attrapa par le bras. C'était rarement elle qui faisait le premier pas, physiquement parlant. Elle n'était pas de ces jeunes femmes très tactiles, bien qu'elle adorait être au contact de son brun. C'était un des aspects de sa timidité. Elle avait toujours peur de mal faire. Que cela soit au lit, au travail, dans ses relations, dans la vie en général. Du coup, elle réfléchissait tout le temps. Saturait parfois, mais elle ne pouvait rien y faire. Son cerveau allait toujours à cent à l'heure. Elle avait eu plusieurs petits-amis. Mais aucun ne l'avait fait se sentir aussi vivante, aussi humaine qu'Aedan. Elle avait l'impression d'être complète. De sortir du lot. Elle se sentait exister avec lui. Comme s'il avait suffit qu'il l'effleure pour qu'elle devienne irradiante de lumière, de bonheur. Que l'on la remarque. Il faisait ressortir le meilleur d'elle. Elle avait besoin de lui. Il était un peu son crack, son héroïne. Et couper une drogue, comme ça, d'un coup, c'est jamais bon. On s'en sort, parfois, mais c'était long. Et ce coup-là, Eleanor ne savait pas si elle allait l'encaisser. Ç'allait être pire que lorsqu'elle et sa famille avaient quitté Fairview plusieurs années auparavant. Elle avait fait une dépression et avait eu un suivi psychologique. Parce que peut-être qu'elle était forte, mais il y avait des limites. Qu'Aedan avait franchi. Il les avaient toujours franchit. C'était peut-être pour cela qu'elle l'aimait tant. Parce qu'il la poussait toujours à aller au plus loin. Il semblait pleurer lui aussi, chose qu'Eleanor ne comprenait pas. Après tout, c'était lui qui la quittait, n'est-ce pas? Vraiment, je suis désolé, Eleanor. Elle s'était déjà fait larguée pour différentes raisons. Son premier copain l'avait laissé tombée parce qu'elle ne voulait pas coucher avec lui. Le second parce qu'elle parlait trop. Le troisième parce qu'il ne l'aimait plus. Mais Aedan était le seul qui rompait sans rien lui dire. Il avait quitté la petite maison comme ça, d'un coup, la laissant seule au milieu de son salon.